Jardin Sonore Festival

Khruangbin

Mercredi 10 Juillet 2024

Crédit photo : DR

Khruangbin a toujours été multilingue, tissant des langages musicaux éloignés comme le surf-rock est-asiatique, le funk persan et le dub jamaïcain en une harmonie mélodieuse. Mais sur son troisième album, il s’exprime enfin à voix haute. Mordechai fait la part belle au chant sur presque toutes les chansons, une première pour ce groupe essentiellement instrumental. C’est un changement qui récompense le risque, réorientant le son transportant de Khruangbin vers un nouveau sens de la franchise émotionnelle, sans perdre l’esprit d’errance nomade qui l’a toujours défini. 

Musicalement, l’oreille toujours en éveil du groupe lui a permis de puiser des références au Pakistan, en Corée et en Afrique de l’Ouest, en incorporant des chants indiens et des guitares syncopées congolaises. Mais plus que tout, l’album est devenu une célébration de Houston, la ville éclectique qui les a nourris, et un bouillon culturel où l’on peut trouver de la country et du zydeco, du trap rap ou de l’opéra d’avant-garde n’importe quel soir. 

Au cours des années passées loin de ce foyer, les membres de Khruangbin ont souvent eu l’impression de nager sous l’eau, ne sachant pas où ils allaient, ni pourquoi ils y allaient. Mais Mordechai les ramène doucement à la surface, leur permettant de respirer, de regarder autour d’eux et de se retrouver. C’est un instantané pris au cours d’un voyage plus vaste, un moment d’autant plus beau qu’il est impermanent. Et c’est un souvenir à revisiter encore et encore, qui nous parle aujourd’hui plus clairement que jamais.